статья
La diversite des croyances religieuses et les
modes de cognition
Une approche anthropologique
Mohamed Nabil (Professeur de philosophie
et journaliste -Canada )
spm111@yandex.ru
La diversite des m?urs, des rites, des langues,
des croyances, des institutions, des traditions culinaires, agricoles,
vestimentaires, etc. sont des reflets evidents de la diversite
culturelle qui existe autour de notre planete. Cette diversite
est le resultat de siecles d'adaptation des humains a leur environnement
naturel et d'innovations dans des domaines aussi varies que la
science, la navigation, l'artisanat, la chasse, le transport,
etc. Ce developpement intellectuel, materiel et spirituel s'est
poursuivi tout au long des annees et des siecles.
Aujourd'hui, avec l'etude du relativisme, l'anthropologue
essaie de reveler les sources, les raisons et les enjeux de la
diversite ethnique. Dans mon article je vais me penche sur l'etude
en parlant avant tout de la diversite des croyances religieuses
et les modes de cognition, car ces notions font reflechir l'interdependance
des jugements de fait et des jugements de valeur, qui sont tres
importants pour l'ensemble culturel.
Premierement, il est a noter que c'est la capacite
humaine d'imaginer le monde de differentes facons, qui introduit
des systemes de hierarchie et de classification des etres humains.
Dans ce contexte j'aimerais parler de la diversite des croyances
religieuses, qui etait beaucoup discutee dans le forum. La religion
en general dispose sur un grand pouvoir social, car elle stabilise
la societe et ses particuliers avec ses explications du monde,
qui donnent un sens concret a la vie humaine. C'est la raison
pour laquelle toutes les societes depuis la genese de l'homme
intelligent sont basees sur des systemes de croyances, comme la
religion. Ces systemes sont tres varies, a part de la religion,
il y a des ideologies, des cosmologies et des visions du monde,
pourtant, chaque systeme propage ses propres valeurs qui determinent
la vie des membres sociaux. Ainsi, nous avons constate dans le
forum que l'etre humain a apparemment besoin de croire en quelque
chose pour continuer a vivre. Dans la plupart des cas, il s'oriente
a la croyance proposee par la societe dans laquelle il vit. Ainsi,
on peut classifier et differencier plusieurs blocs culturels bases
sur une croyance, comme par exemple le monde musulman, qui repose
sur l'Islam, l'Inde avec l'hindouisme, la Chine avec le confucianisme,
le Japon avec le shintoisme, l'Occident qui repose sur le Judaisme
et le Christianisme, le monde orthodoxe ainsi que l'Afrique avec
ses religions et croyances naturelles et traditionnelles.
Neanmoins, plusieurs personnes dans le forum ont
remarque que pendant les 50 dernieres annees, un changement de
cette reference spirituelle comme base de societe a secoue le
monde, surtout l'Occident et y compris le Quebec. Quand on observe
par exemple la societe quebecoise actuelle, c'est-a-dire dans
l'an 2003, on remarque que la religion catholique ne joue plus
un role essentiel (comme encore il y a 80 ans), mais qu'elle occupe
seulement une place superficielle : elle est presente a l'exterieur,
mais son pouvoir est reduit et ses membres diminuent constamment.
Pour la plupart des gens, la religion ne joue aucun role dans
leur quotidien, soit ils croient en rien, soit ils utilisent la
croyance comme une belle robe, qui est juste portee pour des jours
speciaux comme le bapteme ou le mariage. Ils s'accrochent a la
religion a cause de la coutume. Le changement devient tres evident,
quand on compare la societe quebecoise avec la societe marocaine
(dans laquelle je suis ne) : on constate que l'Islam a aujourd'hui
toujours la meme influence sur le comportement des Marocains que
le christianisme avait au Quebec dans les annees vingt.
Pourtant, il faut faire une difference entre les notions pratiquant
et croyant. Ces termes sont consideres tres differemment selon
les etres humains : par exemple, quelqu'un qui est baptise, mais
qui ne pratique pas les rites de la religion catholique, peut
se considerer comme croyant, tandis que d'autres personnes accorde
le terme croyant juste aux personnes qui exercent toutes les regles
de la foi religieuse. Concernant le terme pratiquant, il y a aussi
differentes opinions selon lesquelles on juge une personne pratiquante,
cela depend d'interpretation de son comportement. Ainsi s'explique
la these qu'une personne peut etre croyante sans etre pratiquante.
Une autre problematique se pose concernant la notion croyant,
a savoir a quelle croyance il se refere, c'est-a-dire a une croyance
en Dieu, a une croyance en une force superieure ou spirituelle
ou a une autre croyance moins definie. Dans ce contexte, il est
aussi important de differencier entre la foi (comme par exemple
la foi catholique) et l'institution de cette croyance, dans ce
cas l'eglise catholique. Il n'est pas rare de trouver des gens
qui refusent l'institution de l'eglise mais qui se designent quand
meme comme croyants. Il se pose alors la question si on peut separer
la croyance et l'institution qui veille sur la foi et qui s'occupe
des personnes croyantes.
Il est evident que les croyances et surtout les religions ont
une forte influence sur le comportement de leurs adeptes. Cette
influence peut guider les croyants dans differentes directions
selon leurs interpretations. Par consequent, on trouve dans les
religions des comportements moraux et ethiques, des comportements
missionnaires, des manieres rituelles et spirituelles mais aussi
des comportements violents. Souvent, on accorde certaines caracteristiques
a une croyance, comme par exemple une plus grande agressivite
aux Musulmans ou des manieres missionnaires aux Chretiens.
Dans ce sens, il s'est manifeste dans le forum la discussion
si la religion provoque plutot des crimes et des violences ou
si elle entraine au contraire une vie plus pacifique et tranquille.
Il y a deux cotes : d'une part l'histoire prouve que beaucoup
de guerres, conflits et crimes ont ete commis au nom d'une religion
ou d'une croyance. Mais est-ce que cela prouve que la religion
prone la violence? L'analyse des evenements historiques a aussi
demontre que le nom des religions etait souvent abuse pour atteindre
des buts politiques et territoriaux, ainsi la religion a servi
comme motive pour satisfaire une avidite de puissance. De l'autre
cote, on constate que les livres et les dogmes des grandes religions
enseignent a leurs adeptes des idees moraux qui ont pour but l'harmonie
et la paix entre les hommes. En consequence, le comportement religieux
evite la violence et cherche les vertus comme l'amour du prochain,
la serviabilite et le pacifisme. L'interpretation de la religion
joue alors un role preponderant.
En effet, ce sont surtout les valeurs transmises par la religion
qui ont la plus grande influence sur les adeptes. La religion
est donc consideree comme la premiere source des valeurs humaines.
Par contre, une societe de valeur est possible sans religion,
comme dans le cas du Japon, meme si a l'origine de cette culture,
il se trouve aussi une certaine croyance. Cependant, une communication
interculturelle effective doit avoir comme base un systeme de
valeurs mis a jour, car l'evaluation du monde depend des jugements
de valeur, qui se transforment continuellement. Les valeurs sont
alors tres importantes pour une approche cognitive.
L'observation ethnographique aide a decouvrir au fur et a mesure
les valeurs d'une personne a partir de son style de vie et de
ses opinions. On doit distinguer les differents niveaux des valeurs
(valeurs primaires, secondaires et tertiaires) ainsi que le groupe
de reference (une personne, un milieu social, une culture). Les
valeurs effectives guident les conduites des etres humains, mais
une valeur n'est pas partout percue de la meme facon. Chaque personne
a une autre definition du mot valeur, en plus, chacun se definit
ses propres valeurs, qui sont importantes pour lui et selon lesquelles
il oriente sa vie. Je connais un etudiant qui m'a propose une
definition personnelle des valeurs en disant que : " Les
valeurs sont des ideaux, des croyances et des comportements qui
aident les individus d'une societe a poursuivre leur existence
sans perdre l'espoir. " Dans cette definition on voit tres
bien les differentes etapes d'une valeur : premierement, elle
est une pensee ideale, qui se forme dans la tete de l'etre humain,
puis, elle devient fixe et se manifeste comme une croyance et
finalement elle se transmet sur le comportement de la personne.
Il y a donc une difference entre une valeur theorique, qui exprime
la croyance d'un homme, et une valeur pratique qui determine sa
conduite. En consequence, il y a des gens qui croient en quelque
chose mais qui font le contraire. C'est pourquoi on ne peut pas
juger tous les adeptes de la meme facon, car leur comportement
peut differer beaucoup meme s'ils portent des valeurs similaires.
Dans ce contexte, il est important d'observer la hierarchie des
valeurs. Les valeurs primaires sont les valeurs les plus importantes,
qui sont considerees comme necessaire pour garantir une vie sensee,
digne et raisonnable. Ces valeurs sont par exemple dans la societe
marocaine la defense de la terre, dans la societe mexicaine la
famille et dans la societe quebecoise la liberte de l'individu.
Bien sur, la hierarchisation se differe d'une culture a l'autre.
Les valeurs primaires sont essentielles pour la vie d'un individu
et il va les defendre avec la plus grande ferveur. Les valeurs
secondaires sont moins importantes, mais elles assurent quand
meme une certaine qualite de vie, comme par exemple la sincerite
ou le respect. Finalement, il y a les valeurs tertiaires qui jouent
un role dans la vie, mais qui peuvent etre negligees sans faire
trop des sacrifices. Cette derniere categorie peut inclure par
exemple la valeur d'etre chaleureux ou serviable. Pourtant, les
valeurs qui sont pour une personne tertiaires peuvent etres primaires
pour une autre, selon la culture. Ainsi, on ne peut pas dire que
les valeurs primaires correspondent aux valeurs pratiques et les
valeurs tertiaires aux valeurs theoriques.
Apres cette analyse, il se pose la question s'il y a des personnes
qui n'ont pas de valeurs du tout? Je pense qu'on ne peut pas generaliser
cela, parce que le fait de ne pas avoir des valeurs peut etre
une valeur aussi. En plus, chaque etre humain a une chose a laquelle
il tient, pour la plupart des gens c'est avant tout leur vie.
C'est donc leur valeur principale et ils feront tous pour la garder.
Si on affirme alors que quelques personnes n'ont pas de valeurs,
c'est pour la simple raison qu'on ne reconnait pas le mot valeur
pour les croyances de ces personnes. Dans la societe quebecoise
et occidentale en general, beaucoup de gens lient au mot valeur
des choses comme la consommation, la mode ou la liberte sexuelle.
Ils definissent ainsi leurs valeurs selon lesquelles ils determinent
leur comportement, par contre, ces valeurs ne correspondent pas
aux valeurs traditionnelles, religieuses et morales comme la pudeur,
la dignite, le respect, la sincerite, la patience et la perseverance.
La relativite repose alors sur la definition du mot valeur.
Mon experience personnelle comme professeur de philosophie ne
me laisse pas adopte cette relativite de la valeur. Pour moi,
une valeur merite seulement cette designation, si elle est une
valeur morale qui mene au bien, car la morale existe depuis le
debut de l'humanite ainsi que la differenciation entre le bien
et le mal. Aussi, en tant qu'Arabe musulman, c'est mon "
background " culturel qui me lie tres etroitement aux valeurs
et en meme temps a la religion. Bien que je pense qu'une vie morale
basee sur des valeurs est possible sans religion, je ne peux pas
accepter cela pour moi-meme. Dans ce contexte, je crois que c'est
plus facile pour une personne d'adapter des valeurs nouvelles
lorsqu'elle ne croit en rien, que pour une autre de changer ou
meme d'abandonner ses valeurs, selon lesquelles elle a mene toute
sa vie precedente.
En conclusion, je constate que la diversite de croyances et les
modes de cognition ont encore une tres grande influence sur la
vie personnelle mais aussi sur l'ensemble social et meme mondial.
La perte des croyances traditionnelles fondamentales a entraine
des changements dans les societes occidentales et a aussi influence
leurs relations avec d'autres cultures. Reposant sur les croyances
et les religions, ce sont les valeurs qui determinent le comportement
des etres humains, mais ces derniers percoivent et classifient
les valeurs des manieres tres differentes, ce qui entraine des
conflits et des problemes culturels. C'est pourquoi il faut garder
un point de vue relativiste pour parler de la diversite des croyances
et des valeurs. Ce relativisme n'est pourtant pas sans consequences
: le scepticisme, l'incommensurabilite et le conventionnalisme
sont les problemes qui s'offrent, la tache de l'anthropologue
est alors difficile a accomplir. Malgre tout, je trouve que l'approche
anthropologique est tres interessante et je la considere comme
un defi pour surmonter ses propres limites ethniques. Il reste
encore beaucoup de travail a faire.